Un nouveau Banksy à Marseille !
- Delphine & Romain CLASS
- il y a 3 jours
- 5 min de lecture
Lundi 26 mai 2025 au matin, les habitants du quartier des Catalans à Marseille ont eu la surprise de découvrir une nouvelle œuvre sur un mur discret de la rue Félix Frégier. Très vite, les spéculations ont fusé : et si c’était un Banksy ? Deux jours plus tard, le célèbre street artiste britannique confirme sur son compte Instagram ce que les amateurs d’art urbain pressentaient déjà : oui, cette œuvre est bien de lui.

Une fresque subtile mêlant lumière réelle et art mural
L’image peinte, apparemment simple, représente un phare noir stylisé projetant un faisceau blanc. La subtilité réside dans le fait que ce faisceau s’aligne parfaitement avec l’ombre réelle d’un poteau métallique situé à proximité, créant une illusion saisissante entre le réel et le fictif. Cette superposition interpelle les passants, les forçant à s’arrêter, à observer, à réfléchir.
Mais c’est sans doute la phrase peinte en lettres blanches sous le phare qui suscite le plus d’émotion : "I want to be what you saw in me" (Je veux être ce que tu as vu en moi). Ces mots touchants parlent d’attente, de regard de l’autre, de volonté de correspondre à une image idéalisée ou aimée. Ils sont porteurs d’une grande vulnérabilité et résonnent particulièrement dans un monde contemporain en quête de reconnaissance et d’identité. Le slogan interroge aussi sur le sens et l’importance qu’il faut ou non accorder aux apparences.
Un lien discret avec la chanson Softly du groupe Lonestar
Certains observateurs ont rapidement établi un parallèle avec la chanson Softly du groupe country américain Lonestar, sortie au début des années 2000. Le morceau évoque avec tendresse un amour passé et la difficulté à vivre sans cette personne qui croyait profondément en nous. La phrase "I want to be what you saw in me" y est centrale, traduisant ce désir poignant de mériter l’amour et la confiance d’un autre. Ce lien musical ajoute une dimension intime à l'œuvre, renforçant son pouvoir émotionnel.
Une œuvre dans la continuité de l’engagement de Banksy
Fidèle à son style, Banksy mêle ici art visuel, message personnel et réflexion sociale. Le choix de Marseille, ville marquée par son histoire portuaire, sa diversité culturelle et ses inégalités criantes, n’est pas anodin. Il intervient dans un espace populaire, accessible à tous, loin des galeries et musées. Le phare devient alors un symbole de repère, de lumière dans la nuit, mais aussi d’illusion, puisqu’il repose sur une ombre.
L’œuvre semble dialoguer avec les passants sur des thèmes universels : le regard de l’autre, la place qu’on occupe dans le monde, les attentes que l’on projette et que l’on subit. Ce que l’on est, ou ce que l’on est persuadé d’être, et l’image que l’on peut renvoyer à l’autre, à la société. Elle transforme un détail urbain banal — un poteau de rue — en une métaphore visuelle puissante.

Une actualité Banksy bien chargée en France
Cette intervention s’inscrit dans un moment-clé pour les admirateurs de Banksy en France. Deux expositions majeures ouvrent en juin :
À Toulon, au Musée d’Art, une rétrospective de plus de 80 œuvres,
À Montpellier, une exposition immersive mettant en scène ses graffitis les plus célèbres.
Ces événements témoignent de l’engouement du public français pour le travail de l’artiste, malgré (ou grâce à) son anonymat tenace et sa critique constante des institutions artistiques.

Une œuvre déjà iconique ?
En quelques jours, la fresque est devenue un lieu de passage incontournable. Les habitants du quartier se sont rapidement appropriés l’œuvre, certains la protégeant avec du plastique transparent ou la nettoyant des tags parasites. Les touristes affluent, les photographies circulent sur les réseaux sociaux, et la ville de Marseille envisage déjà des moyens de la conserver sans la figer. Un panneau de verre ou de plexiglass, riveté dans le mur, est souvent apposé sur ses œuvres, afin de les protéger du vandalisme et surtout du vol.
Cependant, malgré l'engouement, l'œuvre a déjà été vandalisée peu de temps après son apparition. Des témoins ont rapporté que la fresque a été partiellement recouverte de peinture, altérant ainsi sa composition originale. Cette dégradation a suscité l'indignation des habitants et des amateurs d'art, qui considèrent cette action comme un manque de respect envers l'artiste … La mairie de Marseille a été informée de l'incident et l’a rapidement restaurée. Des discussions sont en cours pour déterminer les actions à entreprendre afin de préserver cette création artistique et d'empêcher de futures dégradations.
Cet incident rappelle que les œuvres de Banksy, bien que souvent éphémères, sont vulnérables aux actes de vandalisme. Il souligne également l'importance de protéger l'art urbain, qui enrichit le paysage culturel et suscite la réflexion sur des thèmes sociaux et politiques.
Banksy réussit une fois de plus à créer un choc poétique dans l’espace public. Entre anonymat, viralité, critique sociale et beauté plastique, son intervention marseillaise s’impose comme l’un des moments forts de l’art urbain en 2025.

Biographie de Banksy
Banksy est un artiste de rue britannique dont l’identité reste officiellement inconnue, bien que certaines hypothèses évoquent le nom de Robin Gunningham. Il est né dans les années 1970 à Bristol, au Royaume-Uni, où il commence à peindre sur les murs dans les années 1990. Banksy se fait rapidement remarquer par ses œuvres satiriques et engagées, mêlant humour noir et messages politiques ou sociaux.
Son style est reconnaissable par l’utilisation du pochoir, technique qu’il adopte pour gagner en rapidité et en impact. Ses œuvres apparaissent dans des lieux stratégiques : murs de Bethléem, rues de Londres, murs de Paris ou de New York. Il aborde des sujets variés : le capitalisme, la guerre, la surveillance de masse, les inégalités, les migrations.
En plus de ses œuvres dans l’espace public, Banksy est également l’auteur de projets artistiques plus larges, comme l’hôtel "The Walled Off Hotel" à Bethléem ou l’installation satirique "Dismaland", un parc d’attractions dystopique présenté en 2015.
Figure emblématique de l’art subversif, Banksy reste en dehors du système tout en étant paradoxalement intégré au marché de l’art — certaines de ses œuvres se vendant aux enchères pour des millions d’euros. Son anonymat et son engagement en font l’un des artistes les plus fascinants et influents du XXIᵉ siècle.
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