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Une banane, scotchée sur un mur, vendue 6.2 millions de dollars

Dernière mise à jour : 24 déc. 2024

Le 20 novembre 2024, chez Sotheby’s New York, une simple banane scotchée à un mur blanc, avec un morceau de ruban adhésif gris, a été vendue 5,2 millions de dollars – 6,2 millions avec frais. Un montant bien évidemment totalement hallucinant, d’autant plus que l’estimation faite quelque temps auparavant était vraiment moins élevée (6 fois moins chère).

Voici ci dessus la photo de la fameuse banane scotchée "Comedian" de Maurizio Cattelan, achetée par le milliardaire chinois, Justin Sun, lors de  la vente aux enchères chez Sotheby's.
Voici ci dessus la photo de la fameuse banane scotchée "Comedian" de Maurizio Cattelan, achetée par le milliardaire chinois, Justin Sun, lors de la vente aux enchères chez Sotheby's.

Cette œuvre, qui fait bien sûr polémique dans le monde entier, a été réalisée en 2019 par l’artiste italien contemporain Maurizio Cattelan. Selon lui, cette œuvre intitulée « Comedian » est une réflexion sincère sur ce à quoi nous donnons de la valeur, et non une plaisanterie, comme beaucoup le pensent. La banane, élément matériel central de l’œuvre, est un produit naturel, une œuvre de la nature qui représente une denrée essentielle pour l’humanité. Elle incarnerait, toujours selon l’artiste, le cycle de la vie. La nourriture fournie par la terre et qui nous permet de vivre, aurait le plus de valeur sur cette terre et constituerait l’art véritable. Cette œuvre ne cesse de diviser l’opinion, suscitant moqueries et colère chez certains, et fascination chez d’autres. Elle est apparue la première fois sur un stand de la galerie Perrotin lors de l’exposition Art Basel Miami Beach en 2019, et cela avait même provoqué un fou rire mondial lorsqu’elle avait été achetée 120 000 dollars par un collectionneur français. Ce qui avait fait de la banane le fruit le plus cher au monde ! Si certains apprécient son comique absurde, beaucoup la voient comme le symbole d’un art contemporain sans aucun sens et surtout déconnecté totalement et indécemment de la réalité, alors que des millions de personnes dans le monde souffrent de la faim. La fameuse banane a même été dévorée en 2019 à l’exposition Art Basel Miami Beach par l’artiste contemporain américain d’origine géorgienne David Datuna, à l’occasion d’une performance intitulée Hungry Artist (« Artiste ayant faim » ou « Artiste affamé »). Ce dernier diffusa la vidéo sur son compte Instagram, pour dénoncer le prix de vente de cette œuvre alors que la plupart des artistes dans le monde sont pauvres selon lui. Il précisa dans la description de sa vidéo qu'il aimait le travail de Maurizio Cattelan, et qu'il a trouvé la banane délicieuse. La performance a été bien accueillie par les visiteurs qui y ont assisté mais Datuna a été expulsé de la foire juste après. Un étudiant coréen fit de même en 2023 lors d’une exposition temporaire à Séoul. Ces gestes ont mis encore plus en avant son esprit éphémère, contrastant avec son prix faramineux. La banane a été utilisée par des grévistes et des sans-abris pour dénoncer les inégalités économiques, et, de nombreuses fois, moquée sur les réseaux sociaux. Son nouveau propriétaire, un riche collectionneur chinois Justin Sun, fondateur de la plateforme de cryptomonnaie Tron, a indiqué qu’il mangerait la banane pour en faire une expérience artistique unique. Mais, de toutes façons, l’acheteur a reçu un protocole qui précise que ce fruit, accroché et exposé précisément à 175 centimètres du sol, à un angle de 37 degrés, doit être remplacé tous les sept à dix jours par un autre, processus de décomposition oblige… Mais pourquoi ce simple fruit périssable pulvérise-t-il tous les records ? L’acheteur ne se serait-il pas fait avoir, voire « bananer » ? Sotheby’s, sur son compte Instagram, estime que cette pièce a sa place parmi les œuvres les plus radicales, de Duchamp à Warhol.

Comme pour le fameux urinoir, en photo ci dessus, retourné de Marcel Duchamp, réalisé en 1917 et intitulé "Fontaine", dans lequel avait uriné ensuite l'artiste Pierre Pinoncelli en 1993, visible sur la photo ci dessus. La valeur qui lui est accordée n'est en effet pas liée à sa matérialité mais à l'idée et au geste...
Comme pour le fameux urinoir, en photo ci dessus, retourné de Marcel Duchamp, réalisé en 1917 et intitulé "Fontaine", dans lequel avait uriné ensuite l'artiste Pierre Pinoncelli en 1993, visible sur la photo ci dessus. La valeur qui lui est accordée n'est en effet pas liée à sa matérialité mais à l'idée et au geste...

Comedian apparaît comme un véritable pied-de-nez au marché de l’art et à ses codes ! La forme du fruit, qui évoque notamment un sourire (d’où l’expression « avoir la banane ») mais aussi un sexe dressé, accentue la provocation du geste. L’artiste contemporain italien avait d’ailleurs déjà scotché (avec le même ruban adhésif gris que Comedian) son galeriste Massimo De Carlo à un mur pendant un vernissage en 1999. L’acquéreur chinois, Justin Sun, n’est pas le premier collectionneur à acquérir à un prix très élevé quelque chose d’éphémère ou d’immatériel. Avant la vente, Sotheby’s avait déclaré qu’il serait possible d’acheter l’œuvre sous forme de cryptomonnaie, ce qu’a fait Justin Sun – réalisant au passage une belle opération de communication pour lui-même et sa plateforme de monnaie numérique. Une monnaie immatérielle qui fait écho à la part d’immatérialité de Comedian et à cette réflexion sur la valeur. L’acquéreur a indiqué qu’il pensait que cette œuvre fera partie de l’histoire et qu’il ne s’agit pas seulement d’une œuvre d’art, mais d’un phénomène culturel qui fait le lien entre les mondes de l’art et la communauté des cryptomonnaies.

Ce geste provocateur interroge de nouveau sur le rôle d’une œuvre d’art, tout comme « Merde d’artiste » réalisée en 1961, en photo ci-dessus et représentant des boîtes de conserve étiquetées, numérotées et signées contenant les excréments de l’artiste italien Piero Manzoni.
Ce geste provocateur interroge de nouveau sur le rôle d’une œuvre d’art, tout comme « Merde d’artiste » réalisée en 1961, en photo ci-dessus et représentant des boîtes de conserve étiquetées, numérotées et signées contenant les excréments de l’artiste italien Piero Manzoni.

Quoi qu’il en soit, Comedian fait réfléchir, et restera dans les mémoires. Le galeriste Emmanuel Perrotin, qui représente Maurizio Cattelan depuis 30 ans, estime que cette œuvre conceptuelle a déjà marqué son époque et qu’elle restera un symbole fort pour longtemps et continuera pour de nombreuses années à susciter des débats et des réflexions, ce qui est le propre d’une démarche artistique pertinente. Maurizio Cattelan est un artiste italien né à Padoue en septembre 1960. Il vit et travaille à New York. Il a réalisé ses œuvres d'art les plus importantes à Milan, où il a vécu de nombreuses années. Ses œuvres connaissent un grand succès à la fin deannées 2000 sur le marché de l'art contemporain et chez les collectionneurs. Autodidacte, l’artiste a commencé sa carrière à la fin deannées 1980. Ses œuvres, qui prennent forme à partir d'objets et de personnes du monde réel, sont irrespectueuses envers l'art et les institutions. Le musée Guggenheim de New York a présenté en janvier 2012 une rétrospective de son œuvre sur 21 années, intitulée « Maurizio Cattelan: All ». Cattelan a ouvert sa propre galerie new-yorkaise, la Wrong Gallery, espace où rien ne se vend et qui demeure fermée de façon permanente.

L’artiste crée des œuvres qui font toujours scandale et donnent lieu à toutes sortes d'interprétations, jusqu'à mettre en cause la religion et le sacré, comme La Nona Ora, ci-dessus,  sculpture qui représente une effigie, en cire et grandeur nature, du défunt pape Jean-Paul II terrassé par une météorite.
L’artiste crée des œuvres qui font toujours scandale et donnent lieu à toutes sortes d'interprétations, jusqu'à mettre en cause la religion et le sacré, comme La Nona Ora, ci-dessus,  sculpture qui représente une effigie, en cire et grandeur nature, du défunt pape Jean-Paul II terrassé par une météorite.

En 1994, il a persuadé le galeriste Emmanuel Perrotin de passer un mois déguisé en lapin rose en forme de pénis appelé Errotin le Vrai Lapin, comme sur la photo ci-dessus.
En 1994, il a persuadé le galeriste Emmanuel Perrotin de passer un mois déguisé en lapin rose en forme de pénis appelé Errotin le Vrai Lapin, comme sur la photo ci-dessus.

 
 
 

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