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Comment authentifier une œuvre d’art ?

Dernière mise à jour : 8 janv.

C’est une question que l’on nous pose souvent, comment faites-vous pour authentifier les œuvres d’art, ou encore, pouvez-vous m’authentifier telle ou telle œuvre ? L’art contemporain n’est en effet pas à l’abri de contrefaçons. Dès qu’un artiste devient côté sur le second marché, les imitations ne tardent pas à arriver. Les plus contrefaits étant Keith Haring, Invader, ou encore Kaws. Certains artistes sont plus falsifiés que d’autres. Par exemple, il y a énormément de faux kits d’invasion du célèbre artiste Invader sur le marché. Il suffit en effet d’assembler des carreaux de céramiques pour imiter l’artiste. En revanche il y a peu de faux Georges Mathieu, dont la technique n’est pas si simple à imiter.

Avec sa côte qui ne cesse d’augmenter, le street artiste Invader est devenu un des plus copiés du marché.
Avec sa côte qui ne cesse d’augmenter, le street artiste Invader est devenu un des plus copiés du marché.

Très peu d’artistes contemporains proposent un service d’authentification. C’est effectivement extrêmement chronophage, et cela peut avoir des conséquences juridiques préjudiciables. La fondation Keith Haring a par exemple arrêté d’authentifier les œuvres suite à des recours juridiques sans fin de collectionneurs escroqués, qui entrainent des frais d’avocats déraisonnables. Autre exemple, le Pest Control, association qui certifie les œuvres de Banksy, a annoncé il y a deux ans qu’elle allait arrêter de certifier les œuvres. Très certainement pour les mêmes raisons… Citons encore Kaws, qui dit qu’au vue des multiples copies de ses œuvres, il ne peut passer son temps à se battre contre les faussaires … On estime également que 90% des œuvres uniques, dessins ou peintures de Keith Haring, sont des faux. Le contexte étant posé, on peut cependant éviter beaucoup d’écueils en respectant quelques règles simples. Elles consistent à se pencher sur la provenance de l’œuvre, les documents fournis avec, le prix proposé, la technique artistique, et enfin la signature. La provenance

La première étape d’une authentification c’est de se renseigner sur la provenance. L’idéal est bien sûr une œuvre qui a été achetée à l’artiste, ou bien à un grand collectionneur de renom. Encore faut-il pouvoir le prouver avec des documents (cf paragraphe suivant). Par exemple, beaucoup de ventes aux enchères mentionnent « œuvre achetée directement par l’actuel propriétaire auprès de l’artiste », mais ils se basent uniquement sur une déclaration de l’acheteur, en général ils ne fournissent aucun document. Nous avons fait l’essai plusieurs fois, aucune vérification n’est faite, dans la plupart des ventes contemporaines. Une provenance de vente aux enchères n’est donc pas une bonne provenance. Bien sûr, viennent ensuite les galeries, et là, il y a de tout … des galeries très sérieuses, et d’autres beaucoup moins regardantes. Il est cependant à noter qu’en cas de problème, toutes les galeries sérieuses vous reprendrons l’œuvre et vous rembourseront. Il faut enfin absolument éviter les galeries en ligne, ebay, artsper etc. Les œuvres sont très peu contrôlées, et nous y voyons beaucoup de faux.

Les documents fournis avec l’œuvre

Chaque œuvre cotée doit être vendue avec des documents, une ou des factures et un ou plusieurs certificats d’authenticité. Si cela est possible, il est même bien de les avoir sur plusieurs des derniers propriétaires de l’œuvre, et idéalement un certificat d’authenticité également édité par l’artiste. Le prix

Evidemment, il faut se méfier des prix hors marché. C’est souvent comme cela que la plupart des escroqueries commencent. Plus une œuvre est certifiée, c’est-à-dire plus son authenticité est établie, et plus elle sera chère. Cette considération est valable en particulier dans les ventes aux enchères. Considérons par exemple un dessin de Keith Haring au format A4. Un vrai avec une bonne traçabilité sera vendu au moins 10 à 15 000 €, mais on trouve partout des œuvres à 3000 ou 4000 euros aux enchères. Ce sont des faux à 95%. Nous sommes souvent sollicités pour authentifier des œuvres, parfois achetées à très bon prix lors de petites enchères de province. Il ne faut pas se faire d’illusion, la très grande majorité sont des faux. C’est surtout vrai pour des artistes qui ont beaucoup produit, et qui sont très connus, comme Warhol par exemple. Beaucoup d’œuvres sont vendues aux enchères avec la mention « d’après Warhol », ce sont tout bêtement des copies éditées sans aucune autorisation de l’artiste ou de ses ayant droit … et donc des faux, sans le dire … Mais bien souvent, plus personne ne gère les droits de l’artiste, donc chacun est libre d’en éditer des copies s’il le souhaite. Des faux KAWS sont également proposés sur les plateformes en ligne à quelques dizaines d’euros.


Faux Kaws proposés à quelques dizaines d’euros sur des plateformes en ligne
Faux Kaws proposés à quelques dizaines d’euros sur des plateformes en ligne

Chaque artiste a son style graphique, et sa technique de fabrication. Par exemple, une sérigraphie devra comporter des a plats de couleurs parfaits, sans trame.

Sur un Georges Mathieu, en général, il y a du relief, et les changements de direction du pinceau sont extrêmement nets. Il est assez facile de reconnaître son style, et les imitations sont souvent grossières.

En ce qui concerne Kaws, les emballages des faux sont de faible qualité (sans relief, sans intérieur en polystyrène et sans film de protection), et surtout les figurines sont moulées dans un polymère bas de gamme qui a une odeur de pétrole. L’artiste rajoute de plus, sur certains modèles, des puces d’authentification que l’on peut scanner avec un téléphone portable. Attention toutefois, elles fonctionnent une dizaine de mois mais se dégradent avec le temps. Autre exemple, les sérigraphies de l’artiste contemporain Invader sont toujours signées à la main. La signature

La signature est évidemment le dernier point à contrôler. Bien sûr, avec l’expérience, on apprend assez aisément à reconnaitre les signatures de nos artistes clés en galerie, Invader, Georges Mathieu, Shepard Fairey, Keith Haring … mais le plus simple est de comparer une signature authentifiée avec une signature douteuse. Prenons l’exemple de Keith Haring, ses œuvres les moins copiées sont les sérigraphies signées et numérotées. Il y a un comparable authentique, donc les faussaires préfèrent éviter. Ceci étant dit, on trouve tout de même régulièrement des faux sur le marché ! Une astuce toute simple, après avoir comparé la signature, est de vérifier que les barres verticales du H, sont légèrement en forme de « S » majuscule inversé.


Ci-dessus en photo, de vraies signatures de Keith Haring, avec le "S" inversé
Ci-dessus en photo, de vraies signatures de Keith Haring, avec le "S" inversé

Faire appel à des experts est aussi une aide courante. Cela fonctionne bien avec par exemple Georges Mathieu (Comité Georges Mathieu, Marc Ottavi etc), mais beaucoup de personnes se proclament elles-mêmes être des experts sans forcément avoir la compétence requise. Nous avons très facilement contredit des expertises fournies par des marchands en ligne … qui vendaient des faux, avec des expertises également fausses ! Bref, le sujet est sans fin. Nous pouvons citer comme autre exemple, un kit 18 d’Invader (un des plus contrefaits) mis en vente aux enchères en Angleterre il y a quelques mois. Nous l’avons fait retirer de la vente, c’était un faux. La maison de vente l’a remplacé par un autre … faux également ! Ce dernier a été vendu, ils n’ont pas voulu retirer le second … Il faut savoir que beaucoup d’authentification ne sont jamais du cent pour cent. Ce sont souvent des avis ou une optimisation. Plus la probabilité d’authenticité est forte, et plus le prix de vente est bien entendu élevé. Nous vous invitons à regarder à ce sujet le documentaire sur le Salvator Mundi. Un tableau retrouvé il y a quelques années, et vendu plusieurs centaines de millions d’euros chez Christie’s. Certains experts estiment qu’il a été réalisé de la main de Léonard de Vinci, alors que d’autres y voient une simple copie réalisée par un assistant … Le débat est sans fin, et il ne sera certainement jamais tranché !


Ci-dessus le Salvator Mundi (le « Sauveur du monde », en latin) est une peinture à l’huile sur bois de noyer qui représente le Christ.
Ci-dessus le Salvator Mundi (le « Sauveur du monde », en latin) est une peinture à l’huile sur bois de noyer qui représente le Christ.

L'œuvre est attribuée par plusieurs experts à Léonard de Vinci, en totalité ou en partie, ou bien à l'un de ses élèves ! L’œuvre a été restaurée et rendue publique en 2011 à la National Gallery de Londres. Sa restauration a entraîné de nombreux repeints sur une œuvre usée et la planche en bois de noyer, cassée en plusieurs morceaux, a été recollée. Les manques de peinture, balafres verticales à l'intérieur et autour du visage, chevelure effacée, disparition complète des plis des vêtements et du globe terrestre sont donc repeints par la restauratrice. L'œuvre est une reconstruction où seule la main est restée à peu près intacte, ce qui entraîne un débat sur son authenticité, qui ne pourra probablement jamais être vraiment établie. Certains célèbres faussaires, comme l’anglais John WYATT, sont même allés jusqu’à éditer de faux catalogues raisonnés, pour y inclure leurs fausses œuvres. John avait un talent artistique certain qui lui permettait d’imiter le style de la plupart des grands artistes modernes. Il a vendu plus de 200 tableaux entre 1985 et 1995, Chagall, Dubuffet, Nicolas de Staël, etc. Plutôt que de copier des œuvres existantes, il en inventait des nouvelles pour ne pas être démasqué. Son associé John DREWE s’occupait ensuite de leur créer un historique en ajoutant des faux documents aux archives des musées, ou aux catalogues raisonnés comme ceux de ventes aux enchères. Drewe avait aussi créé la société Art Research Associates… qui fournissait des expertises ! Ils ont fini en prison …



 
 
 

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