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Daniel Arsham : Les dix ans de l’Eroded DeLorean, une icône figée dans le futur

Il y a dix ans, Daniel Arsham propulsait une DeLorean dans l’éternité. Aujourd'hui, sa sculpture s’impose comme une œuvre charnière dans un parcours artistique qui n’a cessé de questionner notre rapport au temps, à la mémoire et aux objets.

La célèbre sculpture Eroded DeLorean de Daniel Arsham
La célèbre sculpture Eroded DeLorean de Daniel Arsham

En septembre 2018, la galerie Perrotin à New York accueillait 3018, une exposition qui allait marquer un tournant majeur dans la carrière de Daniel Arsham. C’est dans ce cadre qu’il dévoila Eroded DeLorean, une sculpture monumentale représentant la mythique DeLorean DMC-12 — icône intemporelle rendue célèbre par la célèbre trilogie Retour vers le futur. Mais chez Arsham, le véhicule n’a rien de clinquant ni de fonctionnel : rongée par des cristaux, fissurée comme une ruine antique, la voiture semble avoir traversé les siècles. L’artiste ne propose pas ici une simple reproduction nostalgique, mais une vision archéologique du présent projetée dans un futur lointain de plusieurs siècles au minimum.


Au lieu de refabriquer en fonderie d’art une voiture entière, qui aurait eu du mal à résister structurellement à son propre poids, l’artiste a préféré partir d’un vrai modèle fonctionnel du célèbre véhicule. Il l’a ensuite désossé puis assemblé à nouveau en ajoutant manuellement les parties érodées.

Une archéologie spéculative du présent


Depuis ses débuts, l’artiste contemporain Daniel Arsham développe une pratique singulière qu’il appelle « archéologie du futur ». En combinant les matériaux industriels modernes (acier, résine, fibre de verre) à des éléments minéraux comme le quartz, la pyrite ou la cendre volcanique, il transforme les objets familiers en fossiles contemporains, en imaginant leur aspect après un abandon de plusieurs siècles voire plusieurs millénaires.


Ci dessus, une Eroded Porsche 911 Turbo, proposée par Class Art Biarritz. Retrouvez ici nos oeuvres de Daniel Arsham.
Ci dessus, une Eroded Porsche 911 Turbo, proposée par Class Art Biarritz. Retrouvez ici nos oeuvres de Daniel Arsham.

Eroded DeLorean en est l’un des exemples les plus aboutis : portes papillon ouvertes en un geste suspendu, carrosserie corrodée et fissurée, surface envahie de cristallisations naturelles. Tout dans cette sculpture évoque le passage inexorable du temps, la dégradation, mais aussi une certaine beauté poétique née de l’érosion.


À travers cette esthétique, Arsham explore la mémoire matérielle collective, la fragilité des icônes culturelles et l'obsolescence accélérée des objets qui marquent notre époque. La DeLorean, synonyme de futurisme dans les années 1980, devient sous ses mains une relique du passé, une pièce de musée pour des civilisations futures imaginaires.

Future Relic et Eroded : une réflexion sur l’impermanence

Eroded DeLorean s'inscrit dans la série beaucoup plus vaste Future Relic, débutée par Arsham au début des années 2010.


Dans cette collection, l'artiste choisit des objets emblématiques du XXᵉ et XXIᵉ siècle — smartphones, consoles de jeux, postes de télévision, appareils photo argentiques — et les métamorphose en artefacts détériorés, comme découverts après un cataclysme ou un effondrement civilisationnel.


La série Eroded reprend cette logique en accentuant la notion d’érosion physique : tout semble rongé, effrité, grignoté par une nature réaffirmant ses droits sur la technologie humaine.

Ces œuvres ne se limitent pas à un exercice esthétique : elles posent une question essentielle à notre époque de consumérisme effréné et d'obsolescence programmée. Quelles traces laisserons-nous ? Que restera-t-il de notre société hyperconnectée dans mille ans ou dans quelques siècles ?


À travers son approche minimaliste et minérale, Arsham invite à repenser la temporalité : il ne s'agit plus seulement de regarder en arrière avec nostalgie, mais d'imaginer comment notre présent pourrait être perçu comme une lointaine préhistoire.

Une œuvre devenue culte


Depuis sa première présentation, Eroded DeLorean a acquis un statut culte dans le monde de l’art contemporain.


Elle a voyagé à travers différentes expositions majeures et a même connu plusieurs déclinaisons. En 2021, Daniel Arsham proposait une édition limitée de la sculpture à l’échelle 1:8, limitée à 500 exemplaires. Ces nouvelles versions étaient pour la plupart proposées en galerie d’art (à l’image de Class Art Biarritz). Chaque modèle en résine blanche mate, aux détails méticuleusement reproduits, était livré avec des gants blancs, un emballage soigné signé Arsham Studio et un certificat d’authenticité holographique.


Intérieur de l'habitacle de l'Eroded Delorean
Intérieur de l'habitacle de l'Eroded Delorean

Plus récemment, Eroded DeLorean figurait parmi les pièces maîtresses de BANGKOK 3024, une installation immersive au Central Embassy en Thaïlande en 2024. L’œuvre trônait aux côtés d’autres artefacts cristallisés, réaffirmant la capacité d’Arsham à fusionner culture pop et méditation existentielle.

La réception critique a été largement enthousiaste. De nombreux commentateurs saluent chez Arsham sa capacité à "cristalliser" — au sens propre comme au figuré — l’angoisse contemporaine face à l’éphémère et à l'oubli.

Travail en atelier lors de la réalisation de la sculpture par Daniel ARSHAM
Travail en atelier lors de la réalisation de la sculpture par Daniel ARSHAM

Quand l’objet devient vestige

Ce qui frappe, dix ans après sa création, c'est combien Eroded DeLorean reste actuelle. Dans un monde où les technologies et les modes se succèdent à une vitesse vertigineuse, où le présent est perpétuellement remplacé par un nouveau présent, l’œuvre d’Arsham agit comme un ralentisseur de temps.


Elle nous contraint à regarder autrement les objets qui peuplent notre quotidien. Ce que nous percevons comme solide, évident, éternel — un téléphone, une radio, une voiture, une basket — peut très vite devenir un fragment ruiné, un vestige vidé de sa fonction initiale.


Arsham ne livre pas un discours pessimiste : il propose une poésie de l’impermanence, une célébration silencieuse du caractère transitoire de toute chose.



L’héritage de l’Eroded DeLorean

À travers Eroded DeLorean, Daniel Arsham ne s'est pas contenté de créer une sculpture : il a forgé une réflexion visuelle sur notre époque, un miroir déformant mais juste de nos désirs de permanence face à notre réalité de disparition. Cette œuvre a aussi ouvert la voie à toute une génération d'artistes explorant des thématiques similaires : la ruine contemporaine, l’artefact technologique, l’anthropocène esthétique.


Dix ans plus tard, le message de Eroded DeLorean résonne peut-être encore plus fort. À l’heure où notre monde fait face à des crises écologiques, sociales et technologiques, ou l’avenir de l’humanité n’est plus certain, cette DeLorean fossilisée apparaît non seulement comme un hommage au passé, mais aussi comme une mise en garde face à un futur trouble.


En figeant un symbole de vitesse, de voyage et d’optimisme en une épave figée et minéralisée, Daniel Arsham nous rappelle avec subtilité que le temps est le véritable sculpteur.

Dans un monde obsédé par la nouveauté, Arsham érige l'érosion en art, et l'oubli en monument.

L’artiste a réalisé de nombreuses collaborations avec des marques prestigieuses ces dernières années, à l’image du joaillier Tiffany, et ses emballages de bijoux érodés, ou encore de l’horloger Hublot avec une montre de poche en forme de goutte d’eau.




 
 
 

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