La Fondation présente, depuis le 17 octobre 2024 et jusqu’au 24 février 2025, une exposition consacrée au Pop Art, l’un des mouvements artistiques majeurs des années 1960 dont la présence n’a cessé de s’affirmer sur tous les continents et pour toutes les générations, jusqu’à ce jour. L’exposition est centrée autour de l’artiste Tom Wesselmann, une des figures emblématiques de ce mouvement, au travers d’une sélection de 150 peintures et œuvres réalisées en divers matériaux.

Mais l’exposition regroupe également 70 œuvres de 35 artistes de générations et nationalités différentes qui partagent une sensibilité « Pop art », des années 1920 à nos jours. Outre les réalisations de Tom Wesselmann, l’exposition comprend les œuvres de Derrick Adams, Ai Weiwei, Njideka Akunyili Crosby, Evelyne Axell, Thomas Bayrle, Frank Bowling, Rosalyn Drexler, Marcel Duchamp, Sylvie Fleury, Lauren Halsey, Richard Hamilton, David Hammons, Jann Haworth, Barkley L. Hendricks, Hannah Höch, Jasper Johns, KAWS, Kiki Kogelnik, Jeff Koons, Yayoi Kusama, Roy Lichtenstein, Marisol, Tomokazu Matsuyama, Claes Oldenburg, Meret Oppenheim, Eduardo Paolozzi, Robert Rauschenberg, Martial Raysse, James Rosenquist, Kurt Schwitters, Marjorie Strider, Do Ho Suh, Mickalene Thomas, Andy Warhol, Tadanori Yokoo...


Au rang des icônes historiques du Pop Art présentes dans cette exposition, figure notamment l'œuvre ci-dessus, mondialement célèbre, de Andy Warhol, Shot Sage Blue Marilyn (1964), qui immortalise Marilyn Monroe dans une explosion de couleurs vives et contrastées. Ce tableau s’est vendu 195 millions de dollars en mai 2022. Réalisé deux ans après la mort de Marilyn Monroe, Shot Sage Blue Marilyn fait partie d'une série de 5 portraits. Le titre fait référence à l'incident de Dorothy Podber qui a tiré au revolver sur les cinq étoiles empilées. Ainsi, aujourd'hui, cette image est restée gravée dans le répertoire visuel de l'histoire de l'art. Débordant le cadre d'une simple rétrospective, « Pop Forever, Tom Wesselmann &… contextualise l'œuvre de Tom Wesselmann dans l'histoire de l'art et offrira des perspectives passionnantes sur le Pop Art, au passé, au présent et même au futur », selon les commissaires invités de l’exposition Dieter Buchhart et Anna Karina Hofbauer.
À la fin des années 1950, le Pop Art est présent des deux côtés de l’Atlantique, en Amérique du Nord comme en Europe. La bande-dessinée, la publicité, le cinéma, les célébrités, les robots ménagers et la presse à scandale deviennent des sujets de peinture, des images photographiques collées ou reproduites mécaniquement sur des toiles. Le « Pop » désigne bien au-delà de la sphère artistique une esthétique qui prévaut encore aujourd’hui. Il est difficile de dire quand commence le Pop et assurément impossible d’en fermer le chapitre.
C’est cette hypothèse d’un Pop qui traverse les époques, « Pop Forever », qui est présentée tout au long d’une exposition double, à la fois rétrospective et exposition thématique. Tom Wesselmann y est plongé dans le climat intellectuel et esthétique du Pop qui a vu émerger son œuvre.
Tom Wesselmann est né en 1931 et se mit à peindre à la fin des années 1950. Il admirait l'impact visuel des peintres abstraits américains, mais il décida d’incorporer dans ses oeuvres la publicité, les panneaux d’affichage, les images et les objets. Il a continué volontairement les genres classiques de la peinture (la nature morte, le nu, le paysage) mais en élargissant l'horizon de son art, tant par ses sujets que par ses techniques. À mi-chemin entre peintures et sculptures, ses œuvres incorporent aussi des éléments multimédias (lumière, mouvement, son, vidéo). Quant à ses immenses et spectaculaires Standing Still Lifes (natures mortes), à la croisée de la peinture et de l’installation, elles ont imposé un format jusque-là inédit.

Il s’est aussi passionné pour la psychanalyse, et il a peint beaucoup de nus, des pieds, des mains, des bouches ou des artifices de la féminité. Il a notamment rencontré la scénariste française Daniele Thompson dans une galerie d'art. Cette dernière a posé pour lui pendant deux ans. Ils sont devenus amis. Elle disait de lui : « Il avait cet aspect direct, sans artifice, cette sincérité idéaliste qu’on peut trouver aux Etats-Unis. C’était un bûcheron qui avait décidé de faire de l’art », et encore « Il décompose les corps, ajoute d’autres éléments sur la toile, on est très loin de la pin-up. Dans ses toiles, on peut voir une certaine volupté, bien sûr, mais aussi quelque chose de glaçant ».

Plus tard, en 1983, Wesselmann a eu l'idée de découper du métal des lignes de dessin pouvant être accrochées au mur. Ce sont les Steel Drawings (dessin d'acier). Les lignes du dessin étaient directement découpées dans l'acier et souvent peintes. La froideur du métal contraste avec la souplesse des lignes, représentant souvent des nus. Le mur où est accroché l'œuvre devient pour ainsi dire la feuille de papier du dessin.
À la fin de sa vie, il fit un retour à l'abstraction, sans pour autant renier l'aspect figuratif de ses tableaux.
Il réalisa sa première exposition personnelle en 1961, à la galerie Tanager de New York. Bien que connu et bénéficiant d'expositions majeures à l'étranger, il a fallu attendre 2012 avant qu'une exposition rétrospective lui soit consacrée à Montréal, au Musée des Beaux-Arts. En 2018 une rétrospective lui est consacrée, sous le titre La promesse du bonheur, à Monaco, au Nouveau musée national (Villa Paloma).
Des premiers collages de Wesselmann en 1959 à ses vastes natures mortes en relief, ses paysages à la lisière de l’abstraction et ses Sunset Nudes de 2004, l'exposition se déploie sur les quatre étages du bâtiment de la Fondation.
Attachée chronologiquement à l'œuvre de Wesselmann et à ses thématiques, elle développe à partir de son travail un propos plus général sur le Pop Art. Quant à sa mise en scène des biens de consommation, elle devance celle des marchandises à l’ère de la mondialisation par Jeff Koons ou Ai Weiwei. Enfin comme en miroir de ses nus et scènes intimes et domestiques figurent les travaux d’une nouvelle génération, dont certains (Derrick Adams, Tomokazu Matsuyama, Mickalene Thomas) réalisés spécifiquement pour l’exposition.
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