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Exposition "Triple Trouble" à Londres : l’alliance de trois “fauteurs de trouble” de l’art urbain, Invader, Martin Hirst, Obey.


Du 10 octobre 2025 au 29 mars 2026, Newport Street Gallery à Londres présente Triple Trouble, une exposition collaborative réunissant trois figures majeures de l’art contemporain et urbain : Shepard Fairey, Damien Hirst et Invader. Pensée par le conservateur Connor Hirst, cette rencontre artistique se veut un dialogue visuel inédit, une confrontation entre trois univers qui, a priori, ne devaient pas se croiser.

Peinture, sculpture, installations, mosaïques et expérimentations plastiques se mêlent sur les six vastes salles de la galerie. Le résultat ? Une série d’œuvres hybrides où la rigueur clinique de Hirst, le graphisme militant de Fairey et l’énergie pixelisée d’Invader se contaminent mutuellement.


Ci dessus le visuel de l'exposition Triple Trouble, avec une reprise des univers graphique de chaque artiste: Invader, Hirst, Obey. Source: Heni, Newport Street Gallery
Ci dessus le visuel de l'exposition Triple Trouble, avec une reprise des univers graphique de chaque artiste: Invader, Hirst, Obey. Source: Heni, Newport Street Gallery

L’entrée est gratuite, et la Newport Street Gallery — conçue par Caruso St John à partir d’anciens bâtiments victoriens — ouvre ses portes du mardi au dimanche, de 10h à 18h.

Invader : l’intrus pixelisé, pivot de la rencontre


Parmi les trois artistes, Invader occupe une place centrale. Il reste volontairement insaisissable : un Unidentified Free Artist (UFA), masqué, anonyme, qui a bâti une œuvre mondiale en disséminant ses mosaïques 8-bit dans l’espace public. Depuis vingt ans, ses “invasions” sont apparues dans près de 90 territoires — jusque dans l’espace et sous les mers.


Ses œuvres transforment la ville en terrain de jeu, mais elles s’inscrivent aussi dans une logique globale de conquête symbolique. Avec l’application Flashinvaders, il a inventé un système interactif permettant aux amateurs de “chasser” ses mosaïques, mêlant art, technologie et communauté. Ses créations ne se limitent plus à la rue : Rubikcubisme, installations, kits d'invasion, sérigraphies, et pièces de galerie prolongent ce travail invasif.



L'artiste Invader pose devant une de ses mosaïques. Source : Heni, Newport Street Gallery
L'artiste Invader pose devant une de ses mosaïques. Source : Heni, Newport Street Gallery

Invader dans Triple Trouble


À Londres, dans l'exposition Triple Trouble, Invader ne se contente pas de répéter ses mosaïques emblématiques. Il les pousse dans un dialogue inédit avec ses deux partenaires :

  • Des mosaïques en Rubik’s Cube mises en miroir avec les affiches militantes de Shepard Fairey.

  • Des hybridations entre les “spot paintings” de Damien Hirst et ses propres pixels.

  • Des installations sculpturales où son langage rencontre les cabinets de pilules et les objets cliniques de Hirst.

  • Un mur inédit sur la façade de Newport Street Gallery, brouillant les limites entre street art clandestin et institution muséale.


L'exposition Triple Trouble présentera les célèbres piluliers de Martin Hirst, avec des pilules marquées par les envahisseurs d'Invader.
L'exposition Triple Trouble présentera les célèbres piluliers de Martin Hirst, avec des pilules marquées par les envahisseurs d'Invader.

Un catalyseur créatif

Invader décrit lui-même la puissance de cette rencontre :

« En plus d’être des fauteurs de trouble, nous sommes trois artistes dotés d’univers visuels extrêmement différents. J’ai toujours pensé qu’associer mes mosaïques pixelisées à la précision scientifique de Damien et à l’engagement graphique de Shepard pouvait donner naissance à quelque chose d’inattendu. Fusionner nos trois styles ne pouvait qu’aboutir à des œuvres étonnantes, presque explosives. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la richesse du processus créatif : des centaines de messages, de croquis, de maquettes et d’idées ont circulé entre nous trois. Chacun rebondissait sur l’autre, repoussant un peu plus les limites de son propre langage artistique. On pourrait dire que Triple Trouble n’est pas seulement une exposition, mais un véritable laboratoire collectif où la confrontation devient source d’innovation. »


Cette citation illustre bien le rôle d’Invader : celui d’un catalyseur qui réinvente la relation entre clandestinité et institution, entre l’anonymat de la rue et l’espace muséal.


Les cerisiers en fleur de Martin Hirst, avec les envahisseur d'Invader, seront présentés lors de l'exposition Triple Trouble. Image : Heni, Newport Street Gallery.
Les cerisiers en fleur de Martin Hirst, avec les envahisseur d'Invader, seront présentés lors de l'exposition Triple Trouble. Image : Heni, Newport Street Gallery.

Shepard Fairey : la conscience graphique


Shepard Fairey, figure majeure du street art américain, est surtout connu pour ses affiches engagées, telles la Marianne "Liberté Egalité Fraternité, ou son iconique portrait “HOPE” de Barack Obama, et son projet Obey Giant. Son langage visuel repose sur des images percutantes, des slogans subversifs, une esthétique inspirée de la propagande, utilisée pour dénoncer les dérives politiques, sociales et économiques.


Dans Triple Trouble, Fairey apporte une dimension militante. Ses compositions viennent contaminer l’espace de Hirst et d’Invader : ses couleurs franches et ses slogans résonnent avec les pixels et les cercles colorés de ses partenaires. L’artiste explique qu’il a été fasciné par la capacité d’Invader à transformer l’esthétique du 8-bit en art urbain tangible, malgré ses contraintes formelles.

Ses œuvres dans l’exposition s’imbriquent avec celles des deux autres, créant des fresques hybrides où la puissance du message politique se fond dans le jeu visuel et la rigueur scientifique.

Martin Hirst et Shepard Fairey, réalisés en rubikcubisme par l'artiste Invader. Photo : Heni, Newport Street Gallery.
Martin Hirst et Shepard Fairey, réalisés en rubikcubisme par l'artiste Invader. Photo : Heni, Newport Street Gallery.

Damien Hirst : la rigueur clinique au service de la collision


Damien Hirst, figure emblématique des Young British Artists, est connu pour ses œuvres spectaculaires et souvent controversées : animaux en formol, armoires à pilules, cabinets cliniques. Son approche interroge la vie, la mort, la consommation et la science, souvent avec une froideur méthodique.


Dans l'exposition Triple Trouble, Hirst ouvre son univers à la contamination. Ses célèbres “spot paintings” deviennent des terrains d’expérimentation où les pixels d’Invader et les slogans de Fairey s’incrustent. Ses armoires médicales dialoguent avec des mosaïques, ses motifs répétitifs se frottent au désordre urbain et militant.

Hirst a confié que cette collaboration l’avait poussé à repenser sa pratique : travailler avec Invader et Fairey signifiait accepter l’imprévu, l’accident, la surprise. Là où il contrôle habituellement chaque détail, Triple Trouble lui impose la cohabitation des styles.

Un choc visuel et conceptuel


Ce qui frappe dans Triple Trouble, c’est l’équilibre instable entre trois mondes :

  • La clandestinité ludique et modulaire d’Invader.

  • La critique visuelle et politique de Shepard Fairey.

  • La froideur clinique et méthodique de Damien Hirst.


Le résultat n’est pas une simple juxtaposition, mais une véritable fusion créative. L’exposition interroge la manière dont l’art de rue s’invite dans l’institution muséale, sans perdre sa force subversive. Elle met en scène l’énergie d’une collaboration où les artistes acceptent de brouiller leurs propres frontières.


Les kits d'invasion


A partir de l'an 2000, Invader a commercialisé sur son site internet des kits d'invasion prêts à l'emploi. Il s'agit de mosaïques pré-assemblées, constituées d'une centaine de carreaux, mises sous sachet anti-statique de protection, qu'il n'y a plus qu'à coller où on le souhaite. La démarche à l'origine était de pouvoir faire participer tout à chacun à l'invasion, et que tout le monde puisse avoir un Invader chez soi, dans sa rue, sur son bâtiment etc. On peut d'ailleurs lire 'Bonne invasion' sur les kits. Mais le fait que ces kits soient commercialisés en nombre limité authentifiables par un numéro unique et certains même signés par l'artiste, les a transformés en objets de collection dont la valeur ne fait qu'augmenter, en particulier depuis quatre ou cinq ans. Très peu ont donc trouvé leur place dans la rue et ils font essentiellement partie de collections privées. Pour acquérir un kit authentifié, avec une bonne provenance, et donc sans risque, il faut compter entre vingt et trente mille euros.


Kit d'Invasion #6 d'Invader, Hypnotic Vienna (2008). Retrouvez ici les oeuvres d'Invader en vente chez Class Art Biarritz
Kit d'Invasion #6 d'Invader, Hypnotic Vienna (2008). Retrouvez ici les oeuvres d'Invader en vente chez Class Art Biarritz

Les sérigraphies.


Le street artiste Invader, en plus des kits d'invasion, a également édité une cinquantaine de sérigraphies. Les plus recherchées par les collectionneurs sont celles qui contiennent un gaufrage, c'est à dire un relief qui met en valeur les pixels des motifs. Ce sont souvent ples plus anciennes.

Sérigraphie Home Moon, proposée par Class Art Biarritz
Sérigraphie Home Moon, proposée par Class Art Biarritz

Informations pratiques

  • Lieu : Newport Street Gallery, Londres SE11 6AJ

  • Dates : 10 octobre 2025 – 29 mars 2026

  • Horaires : du mardi au dimanche, 10h à 18h

  • Entrée : gratuite

  • Organisation : HENI


Avec Triple Trouble, Londres accueille une confrontation artistique rare. Trois artistes aux univers distincts s’y livrent à un jeu de contamination mutuelle. Mais au cœur de cette alchimie, c’est peut-être Invader qui incarne le mieux l’esprit du “trouble” : un intrus qui, en pixelisant le monde, redessine la frontière entre la rue et le musée.



 

 
 
 

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Galerie Pop Art & Street Art, Class Art Biarritz, galerie d'artiste et d'oeuvres Pop Art et Street Art.
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