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Interview du street artiste londonien Nathan Bowen

Dernière mise à jour : 7 juil.

Bonjour Nathan, peux-tu te présenter brièvement ?

J’ai 38 ans et je vis dans le sud de Londres. Je suis un street artist et je fais du street art depuis environ 14 ans. Je peins des personnages dans la rue. Pour cela, j’aime utiliser différentes techniques : je travaille avec des bombes de peinture, des feutres, des pinceaux. J’aime aussi utiliser de la peinture acrylique.

Mon but est d’embellir la rue avec de l’art. Il y a partout des publicités pour des objets, pour des marques de modes, pour des choses qu’on a vues des milliers de fois. Donc c’est important que nous, en tant qu’artistes, nous investissions la rue pour pousser les gens à se questionner. C’est tout l’enjeu du street art. Et ça permet aussi d’influencer et d’inspirer les gens. Personnellement, j’aime particulièrement inspirer les jeunes. Les enfants voient mes œuvres, puis ils grandissent et cela peut les inciter à faire autre chose. Le street art, c’est vraiment une manière de partager avec autrui.



De gauche à droite, Emilie Class, Nathan Bowen, et Leighton Thomas, caméra man de l'artiste
De gauche à droite, Emilie Class, Nathan Bowen, et Leighton Thomas, caméra man de l'artiste

 

Peux-tu m’en dire plus sur le but du street art ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ?


Personnellement, je le fais pour le fun, et pour inspirer les autres. Comme je l’ai dit, c’est une manière de partager et de donner aux autres. Il faut partager avec les autres, et transmettre de l’amour.

 

Quand as-tu commencé le dessin ? Et plus spécifiquement le street art ?


J’ai toujours dessiné. J’ai probablement commencé à la maternelle, vers l’âge de 3 ans. Avant de faire du street art il y a 14 ans, je dessinais surtout sur papier.Au début, je ne vivais pas du tout de mon art. J’ai fait différents boulots : j’ai travaillé dans le bâtiment, j’ai vendu des magazines, j’ai bossé dans un supermarché. J’ai toujours fait de l’art, mais je devais avoir un job à côté. Aujourd’hui, le street art est devenu mon activité principale. Je vends mes œuvres, notamment dans des galeries comme Classartbiarritz. Je pense que je suis devenu artiste à plein temps il y a environ 13 ans.

 

Tu dis vouloir inspirer les gens. As-tu toi-même été inspiré par des mouvements ou des artistes ?


Oui, tout à fait. J’ai été particulièrement inspiré par Hieronymus Bosch, un artiste néerlandais du 16e siècle. Il peignait des images du paradis et de l’enfer, le Jardin d’Éden, et d’autres œuvres religieuses. Sa vision de l’enfer et ses créatures démoniaques m’ont beaucoup inspiré. On retrouve cette noirceur dans les personnages que je dessine. Ce sont des démons, qui viennent à l’origine d’une BD que j’ai créée. Leur but était de représenter l’enfer et l’obscurité.

Mais avec le temps, en représentant ces personnages dans la rue, je les ai rendus beaucoup plus sympathiques et drôles. Je ne voulais pas apporter cette noirceur dans la rue. Mes personnages ont donc évolué, et sont passés de figures démoniaques à des personnages amusants et attachants. Aujourd’hui, mes démons représentent des gens du quotidien : des ouvriers, des soldats, des pompiers… J’ai même créé une femme démon portant un hijab, etc. Et bientôt, je vais faire un démon Jésus ! Avec des cheveux longs !

La part sombre est restée dans mes BD. Je continue à les dessiner comme avant, leur aspect n’a pas changé au cours des années.

Le célèbre "demon" de Nathan Bowen, dans le quartier de Shoreditch, à Londres
Le célèbre "demon" de Nathan Bowen, dans le quartier de Shoreditch, à Londres

Quand as-tu commencé à dessiner tes personnages de la sorte ?


Ça a commencé avec ma BD intitulée Afterlives, en 2007. Donc je me suis mis à dessiner ces petits démons il y a 18 ans.


Pourquoi dessines-tu les dents de tes personnages de cette manière ?


J’ai toujours représenté les dents de façon pointues et irrégulières pour symboliser les démons qui mordent la chair. Au début, je dessinais beaucoup de dents, puis avec le temps j’en ai réduit le nombre. De manière générale, je dessinais auparavant avec beaucoup de traits, alors qu’aujourd’hui j’en utilise beaucoup moins. Et donc, je dessine moins de dents aussi.


Où as-tu réalisé ta première œuvre de street art ?


Ma toute première œuvre de street art a été faite à Brick Lane. Avant ça, je faisais beaucoup de dessin sur papier. J’avais envie de les exposer dans la rue, mais je ne savais pas où. Je cherchais des vieux murs, ou des palissades de chantier. Alors que j’étais en voiture avec un ami dans Londres à la recherche de ces vieux murs, j’ai remarqué qu’il y avait déjà beaucoup de street art dans la ville. Je me suis donc dit que c’était le moment de me lancer. Un jour, à Brick Lane, j’ai vu un gars en train de peindre dans la rue. Il m’a dit que le propriétaire d’un magasin lui avait autorisé de peindre sur ses murs. J’ai donc frappé à la porte du magasin et demandé au propriétaire si je pouvais faire de même. Il a accepté et m’a dit de revenir le lendemain. J’ai donc réalisé ma première œuvre là, sur le mur d’un restaurant indien. Bien sûr, cette œuvre a disparu depuis, c’était il y a des années.


"Grey London", par Nathan Bowen
"Grey London", par Nathan Bowen

Comment choisis-tu les lieux où tu fais tes œuvres ?


C’est souvent spontané. Je repère des endroits, et je décide parfois d’y revenir plus tard. Je cherche des grands murs, des vieux bâtiments, voire des bâtiments abandonnés. Certains lieux restent abandonnés pendant des années, c’est là que l’œuvre tient le plus longtemps. D’autres peuvent être rénovés en un mois. Donc j’essaie de faire en sorte que l’œuvre reste le plus longtemps possible. Ca peut durer un jour comme ça peut durer cinq ans.


Demon de Nathan Bowen, dans le quartier de Shoreditch, à Londres
Demon de Nathan Bowen, dans le quartier de Shoreditch, à Londres

Est-ce que tu fais du street art uniquement à Londres ?


Non, pas du tout. J’ai fait du street art dans plein de pays différents. L’an dernier, j’en ai fait à Paris et dans le sud de la France, à Cannes, Nice et Marseille. Je ne suis jamais allé à Biarritz mais je dois absolument y aller un jour pour visiter la galerie Classartbiarritz. Il faut aussi que j’aille à Lyon.

 

Plus récemment, en décembre, j’ai fait du street art à Glasgow et à Édimbourg, c’était super, il y a plein de bons spots là-bas. Je pense que les gens apprécient le street art dans ces villes.

Et de manière plus générale, j’ai aussi fait du street art au Brésil, en Colombie, aux États-Unis, aux Philippines, à Hong Kong. En Europe, j’ai aussi fait l’Albanie, la Grèce et la Bulgarie.


Quel est ton projet le plus récent ?


Mon dernier projet était une exposition, le 27 mars, dans une galerie à Greenwich, dans le sud-est de Londres, là où je suis né. Il n’y avait pas vraiment de thème, c’était plutôt autour de la vie à Londres. Je ne fais pas trop de thèmes en général.

Avant ça, ma dernière exposition était en octobre 2023, et là, il y avait un thème. Elle s’appelait The Rubber Glove Heist (Le vol de gants en caoutchouch). L’idée était que deux voleurs d’art entraient dans la galerie, volaient les œuvres, se faisaient attraper, puis devaient les restituer. J’ai joué avec ce thème dans toute l’exposition. Par exemple, les visiteurs pouvaient acheter un gant en caoutchouc. Les voleurs dans l’histoire portaient ces gants, donc j’ai créé un gant jaune rempli d’argile, pour qu’il soit rigide et tienne debout tout seul. J’adore ces gants, c’était une super exposition !


Je travaille aussi sur des dessins animés. J’essaie d’en faire un par semaine. Pour l’instant, on peut les voir sur mes réseaux sociaux, mais j’aimerais en faire une série DVD, pour que les gens puissent tout regarder d’un coup.


Une affiche ‘Missing One’ de Nathan Bowen, aperçue à côté de Trafalgar Square
Une affiche ‘Missing One’ de Nathan Bowen, aperçue à côté de Trafalgar Square

J’ai vu dans Londres des affiches de tes personnages qui ressemblent à des avis de recherche. Tu peux m’en parler ?


Ah, les “Missing One”, j’adore ces affiches ! C’est une idée que j’ai lancée l’été dernier. Je voulais faire des affiches plutôt que des collages. Ces posters peuvent être placardés à peu près partout. On n’a pas besoin de chercher un bâtiment abandonné comme pour le street art classique. Donc je repère un endroit au hasard, et je colle l’affiche. J’utilise une perche télescopique pour les poser, comme ça je n’ai pas besoin d’échelle.


As-tu déjà eu des problèmes avec la police à cause de ton street art ?

Pleins de fois ! J’ai eu beaucoup d’ennuis. J’ai été arrêté plusieurs fois. En Croatie notamment, j’ai été arrêté, et j’étais censé passer trois mois en prison. Finalement, j’ai eu 18 mois avec sursis. Heureusement, je n’ai pas été incarcéré et je suis rentré en Angleterre. Mais si je retourne en Croatie et que je me fais attraper de nouveau, j’irai directement en prison pour trois mois. Je ne peux plus non plus aller à Malte, j’y suis recherché. Donc oui, j’ai eu pas mal de soucis avec les autorités au fil des années. Mais récemment, ça va. Mais de façon générale, lorsque l’on fait du street art, on ne sait jamais qui nous observe et quelles peuvent être les conséquences. Donc j’essaie de ne rien prendre pour acquis. Faire du street art ce n’est pas tout rose, c’est une activité assez dure.


Y a-t-il un artiste avec lequel tu aimerais collaborer ?

Oui, plein ! J’aimerais beaucoup collaborer avec PEZ, un artiste de Barcelone. Il est génial ! Il y a aussi un artiste français que j’adore, il s’appelle André. Il est de la même génération que Invader. Ces gars-là font du street art depuis des années, ce sont des anciens, des légendes.


Y a-t-il d’autres villes où tu aimerais faire du street art ?

Oui, énormément ! J’aimerais retourner aux États-Unis, pour l’instant je n’ai fait que New York et Miami. J’adorerais faire du street art en Corée et au Japon. La Russie aussi m’attire. Il faut aussi que j’aille en Thaïlande, et plus précisément à Bangkok. Bref il y a pleins d’endroits dans le monde où j’aimerais faire du street art.


Merci Nathan !!


 
 
 

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