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KAWS au Palazzo Strozzi de Florence : la pop culture entre dans la Renaissance

Le Palazzo Strozzi, joyau de la Renaissance florentine, accueille actuellement l’un des artistes contemporains les plus influents de la planète : KAWS, alias Brian Donnelly. L’artiste pop américain investit la cour du palais avec une sculpture monumentale en bois, de six mètres de haut, intitulée « The Message ».


The Message, sculpture de Kaws, au Palazzo Strozzi de Florence
The Message, sculpture de Kaws, au Palazzo Strozzi de Florence

Quand la pop culture s’invite au Palazzo Strozzi


Sous la lumière dorée de Florence, la sculpture KAWS, une réinterprétation de « L’Annonciation » trône dans la cour du palais, avec deux personnages géants emblèmatiques, Companion, aux yeux en croix, les bras ballants, et BFF, oscillant entre tendresse et mélancolie. Ils incarnent toute la force du travail de KAWS — un mélange d’humour, de nostalgie et de profondeur émotionnelle.


L’Annonciation de Fra Angelico, peinte vers 1440 pour le couvent San Marco à Florence, est l’une des œuvres les plus emblématiques de la Renaissance italienne. Dans une lumière douce et dorée, l’ange Gabriel s’incline devant la Vierge Marie, qui accueille le message divin avec une humilité silencieuse. La scène se déroule sous une arcade inspirée de l’architecture toscane, où la perspective géométrique et la clarté des lignes traduisent l’harmonie entre foi et raison, spirituel et humain. Fra Angelico, moine dominicain, parvient à unir la rigueur de la peinture de la Renaissance à une profonde ferveur mystique : chaque détail — la lumière céleste, le jardin clos, le geste délicat de l’ange — symbolise la pureté et la grâce de l’instant divin. Cette œuvre, méditative et lumineuse, invite moins à l’admiration qu’à la contemplation silencieuse.

« J’aime créer des personnages qui résonnent émotionnellement avec les gens, qu’ils aient 8 ou 80 ans », confie KAWS. « Mes œuvres ne sont pas seulement faites pour être regardées, mais pour être ressenties. »


Dans ce décor chargé d’histoire, les lignes douces  de la sculpture KAWS tranche avec la rigueur architecturale du Palazzo Strozzi. Ce contraste donne naissance à un dialogue visuel saisissant : la Renaissance et la pop culture, réunies autour d’une même humanité.

Dans cette relecture de « L’Annonciation » (1433) de Fra Angelico, chef-d’œuvre du gothique tardif, on retrouve deux personnages emblématiques de KAWS, smartphones en main, substituant à la rencontre angélique originelle une méditation sur le divin numérique. BFF se dresse, la main sur le cœur, tandis que COMPANION s’accroupit plus bas, l’attention happée par l’éclat supposé de l’écran. La composition évoque le dialogue sacré entre Marie et l’archange Gabriel, qu’elle imprègne de l’intensité de l’isolement contemporain.

 

L’artiste Kaws devant sa sculpture monumentale, « The Message »
L’artiste Kaws devant sa sculpture monumentale, « The Message »

Présentée en parallèle d’une exposition Fra Angelico en cours au palais, « THE MESSAGE » met en lumière cet acte étrange, quoique omniprésent, qui consiste à fixer un écran. En explorant comment la technologie reconfigure notre façon de nous relier les uns aux autres, l’installation dégage une présence solennelle, presque liturgique, comme une Annonciation réécrite pour notre ère d’hypercommunication.

 

Un artiste entre rue, galerie et culture mondiale


Né en 1974 dans le New Jersey, Brian Donnelly étudie à la School of Visual Arts de New York avant de se faire un nom sous le pseudonyme KAWS dans le milieu du graffiti. Dans les années 1990, il détourne les affiches publicitaires du métro new-yorkais, y ajoutant ses emblématiques croix à la place des yeux. Ces interventions urbaines marquent ses débuts : une critique douce-amère de la société de consommation et de la standardisation des émotions.


Au fil des années, KAWS fait évoluer son art vers la sculpture, la peinture et le design d’objet, créant un langage visuel universel qui brouille les frontières entre galerie KAWS, musée, et culture populaire. Ses figurines KAWS, produites dès 1999 en collaboration avec la société japonaise Medicom Toy, deviennent rapidement des objets de collection prisés dans le monde entier. Elles permettent aux collectionneurs d’accéder à l’univers de l’artiste, pour un budget raisonnable.


« Les figurines KAWS ont changé la façon dont le public perçoit l’art », explique le curateur américain Michael Darling, ancien directeur du Museum of Contemporary Art de Chicago. « Elles ont démocratisé la sculpture contemporaine en la rendant accessible sans la vider de son sens. ». Citons parmi les plus célèbres, Kaws Chum 20 Years, Kaws Holiday Japan, Kaws Holiday Singapore, Kaws Holiday Changbai Mountain, Kaws Holiday Thailand, Kaws BFF Moma Edition, Kaws Share, Kaws BFF Take, Kaws Gone, Kaws Holiday Space, Kaws Clean Slate, Kaws Together, Kaws Family.


KAWS Galerie : du street art à la reconnaissance muséale


Aujourd’hui, les galeries KAWS se multiplient, et ses œuvres figurent dans les plus grands musées : le Brooklyn Museum, le Yuz Museum à Shanghai, le National Gallery of Victoria à Melbourne ou encore le Yorkshire Sculpture Park au Royaume-Uni.

Avec sa capacité à mêler l’esthétique des jouets à la monumentalité des sculptures KAWS, l’artiste a su imposer un langage artistique universel. Au Palazzo Strozzi, la poésie silencieuse de ses personnages contraste avec la magnificence du marbre et des fresques anciennes.

« C’est un choc visuel et émotionnel », souligne Giulia Marini, critique d’art italienne. « Dans un lieu où triomphait autrefois la figure héroïque, KAWS installe la fragilité, la douceur, l’enfance. »


Entre émotion et universalité


Les visiteurs affluent de toute l’Europe pour découvrir ces figures géantes aux traits simples mais aux émotions profondes.« Ce que j’aime chez KAWS, c’est qu’il nous parle sans mots », raconte Marco, un étudiant en design venu de Milan. « On se reconnaît dans ses personnages, dans leurs gestes et leurs silences. »

Les sculptures KAWS et figurines KAWS incarnent des thèmes universels : la perte, la compassion, la solitude, mais aussi la complicité. L’exposition florentine met particulièrement en avant cette idée de companionship — la compagnie, le lien humain face à un monde de plus en plus virtuel.


Une réception critique internationale


L’œuvre de KAWS suscite depuis plusieurs années un débat passionnant entre amateurs, collectionneurs et critiques. Certains y voient un génie de la communication visuelle, capable de transformer la culture de masse en art à part entière ; d’autres l’accusent d’avoir trop commercialisé son univers.


Pour Hans Ulrich Obrist, directeur artistique de la Serpentine Gallery à Londres, « KAWS a trouvé un équilibre rare entre accessibilité et émotion. Ses sculptures KAWS parlent à un public mondial tout en conservant une densité poétique. »

De son côté, Glenn Lowry, directeur du MoMA à New York, reconnaît en lui « l’un des artistes les plus représentatifs de notre époque, capable de traduire les angoisses contemporaines à travers un langage visuel simple et direct. »


Même les collectionneurs s’accordent sur l’impact culturel de KAWS. Le galeriste Perrotin, qui le représente depuis plusieurs années, décrit l’artiste comme « un conteur visuel du XXIᵉ siècle, un héritier de Warhol, mais plus empathique, plus humain ».

Cette reconnaissance institutionnelle ne fait que renforcer le phénomène mondial autour de la KAWS galerie, symbole d’un art qui traverse les murs des musées pour entrer dans les foyers, sur les écrans et dans la rue.

 

Entre art, mode et société


Collaborant avec Dior, Uniqlo, Nike ou Supreme, KAWS est devenu une icône de la culture visuelle globale. Il réunit collectionneurs d’art, amateurs de streetwear et passionnés de design dans un même univers où la frontière entre art et consommation devient poreuse.

« Ce que j’aime, c’est brouiller les pistes », explique KAWS. « L’art n’a pas besoin d’être élitiste pour être profond. Une sculpture de cinq mètres ou une figurine de quinze centimètres peuvent exprimer la même émotion. »

 

Un dialogue entre passé et futur


L’exposition du Palazzo Strozzi symbolise ce dialogue entre les époques : un artiste du XXIᵉ siècle face à l’héritage du Quattrocento. Dans ce cadre majestueux, les sculptures KAWS deviennent des figures intemporelles de l’émotion humaine — des compagnons silencieux d’un monde en mutation.



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