Des mosaïques d'Invader, volées, en vente chez Julien's Auction
- Delphine & Romain CLASS
- 18 sept.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 sept.
La maison de vente aux enchères californienne Julien's Auctions annonce, à grand renfort de publicité sur les réseaux sociaux, une vente d'œuvres du street artiste Invader, à la fin du mois de Septembre. Il s'agit principalement de mosaïques arrachées dans la rue, soit dans le Pays Basque français, soit à Paris.

Alors que l'invasion du Pays Basque n'a pas encore fêté ses un an, une dizaine des mosaïques sur les soixante posées par l'artiste dans la région, principalement à Biarritz et à Bayonne, ont déjà été volées. Six d'entre elles sont mises en vente aux enchères en Californie. Nous avions déjà écrit un article au sujet de la disparition de l'une d'entre elle: Disparition de la mosaïque Invader du phare de la Barre à Anglet
Attention, comme le signalait l'artiste début 2024 sur son compte Instagram, ses mosaïques sont d'abord destinées au plus grand nombre, gratuitement. Elles doivent être découvertes dans la rue, par les passants. Les arracher et les revendre constitue donc d'abord un détournement de l'œuvre du street artiste Invader. Ensuite, elles ne sont accompagnées d'aucun document officiel prouvant leur authenticité. Elles n'ont ainsi aucune valeur de revente, et bien souvent il s'agit de faux. Et enfin, même si il s'agit bien d'originaux, ils ont la plupart du temps été endommagés lors de leur "décollage".
Invader est victime de son succès, et c'est un des artistes contemporains les plus falsifiés et copiés. Que ce soit chez des marchands en ligne, ou lors de ventes aux enchères, les faux sont très nombreux. Vous pouvez lire à ce sujet le blog suivant:
Il faut savoir que l'artiste a réalisé des œuvres qui n'on jamais été posées dans les rues, et qui sont destinées à aller chez les particuliers, tels les Alias qui sont des doubles jumeaux crées par l'artistes, de mosaïques posées dans la rue, ou encore les kits d'invasion, ou bien les tirages de têtes de ses livres d'invasion.
Les Alias
Le street artiste Invader a crée une version commercialisable de ses œuvres de street art. Il s'agit des Alias. Pour chaque œuvre posée dans la rue, il peut décider d'éditer un doublon, une copie conforme qui sera alors accompagnée d'un certificat d'authenticité du studio de l'artiste. Leur tarifs varie suivant leur taille et leur emplacement d'origine, entre cinquante mille et deux cent mille euros environ.
Les kits d'invasion
A partir de l'an 2000, Invader a commercialisé sur son site internet des kits d'invasion prêts à l'emploi. Il s'agit de mosaïques pré-assemblées, constituées d'une centaine de carreaux, mises sous sachet anti-statique de protection, qu'il n'y a plus qu'à coller où on le souhaite. La démarche à l'origine était de pouvoir faire participer tout à chacun à l'invasion, et que tout le monde puisse avoir un Invader chez soi, dans sa rue, sur son bâtiment etc. On peut d'ailleurs lire 'Bonne invasion' sur les kits. Mais le fait que ces kits soient commercialisés en nombre limité authentifiables par un numéro unique et certains même signés par l'artiste, les a transformés en objets de collection dont la valeur ne fait qu'augmenter, en particulier depuis quatre ou cinq ans. Très peu ont donc trouvé leur place dans la rue et ils font essentiellement partie de collections privées. Pour acquérir un kit authentifié, avec une bonne provenance, et donc sans risque, il faut compter entre vingt et trente mille euros.

A ce jour, il existe 18 kits d'invasion: Albinos, Blue Octopus, Hollywoodee, Rubik Space, Atari, Runner, Union Space, Third Eye, Hypnotic Vienna, Paris, Blue, Home, Made In Japan, 3D Vision, Glow In The Dark, Flash, MSF, Los Angeles.
Les tirages de tête des livres d'invasion
Pour 9 de ses invasions principales, l'artiste a édité des livres qui décrivent les œuvres posées. Les tirages de têtes, pour les 50 premiers livres, comportent une mosaïque unique en couverture.

Les sérigraphies.
Le street artiste Invader, en plus des kits d'invasion, a également édité une cinquantaine de sérigraphies. Les plus recherchées par les collectionneurs sont celles qui contiennent un gaufrage, c'est à dire un relief qui met en valeur les pixels des motifs. Ce sont souvent ples plus anciennes.

Revenons sur l'invasion du Pays Basque, une des plus importantes de ces dernières années. En une dizaine de jours, fin Novembre 2024, l’artiste français aura finalement posé 60 œuvres en céramique dans le pays basque, en grande majorité à Biarritz et Bayonne. La municipalité de Bayonne était ravie de cette invasion, alors que celle de Biarritz se posait quelques questions …
Combien d’œuvres allait-il poser dans la région ? C’est la question que tous les fans et amateurs de l’artiste Space Invader se sont posés dès le début de l’invasion. Il y en aura finalement eu soixante. Cela faisait bien longtemps que l’artiste n’avait pas fait une invasion aussi conséquente, certainement depuis celle de Marseille. Nous avons donc été très gâtés ! De plus, la plupart sont des mosaïques de grosses dimensions, plus de 50x50cm, et même une quinzaine de plus d’un m2. Il est notable de voir comme l’artiste s’affirme de plus en plus, avec des œuvres de grandes dimensions, comparativement à celles de ses débuts qui faisaient généralement 30x30cm.
Bayonne, Biarritz et Anglet ont donc été le nouveau terrain de jeu d’Invader, star internationale du Street Art reconnue à travers le monde. Il s’est amusé à disséminer 60 mosaïques à travers des quartiers, des avenues et des places bien connues comme la Villa Belza et la quartier Côtes des basques à Biarritz ou celui de la cathédrale à Bayonne. Tous les flashers, ces passionnés qui prennent les mosaïques en photo sur l’application FlashInvaders, se demandaient si il y aurait une mosaïque BAB_64. Et bien manifestement, non !
Les œuvres posées dans le pays basque, reprennent l’identité et la culture de chaque lieu. Par exemple, à Bayonne, Place Pasteur, un alien est représenté avec un drapeau du club de rugby l’Aviron Bayonnais. À Biarritz, au Plaza Bérri, l’alien porte un ikurriña, un drapeau basque. Contrairement aux idées reçues, le Street Art peut parfois être plus réfléchi que spontané. Une préparation, avec le repérage des lieux et la conception graphique spécifique pour chaque lieu, est faite en amont. Chaque invasion nécessite également une logistique particulière. Par exemple, pour l’invasion du pays basque, si on compte 300 à 400 carreaux de céramique (au bas mot), pour chaque œuvre, cela fait entre 20 et 25 000 carreaux de mosaïque à transporter et poser au total ! En général, Invader prépare à l’avance ses œuvres sur un papier plastique, et il les colle en une fois sur le mur. Mais bien sûr ceci est valable uniquement pour les petites œuvres. Pour les plus grandes, c’est beaucoup plus complexe …
Pour son invasion du B.A.B (Bayonne, Anglet, Biarritz), Invader a pris le soin de faire un travail de repérage en amont afin de créer ses œuvres en fonction des endroits où elles sont exposées. Elles sont également référencées avec des codes uniques, sur la côte basque c’est donc BAB suivi d’un numéro.





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